
Ces dernières semaines j’ai rencontré plusieurs étudiants ayant beaucoup de mal à se mettre au travail scolairement parlant. Des étudiants stressés par les enjeux (les notes, le baccalauréat, la sélection en enseignement supérieur…) et ayant peur d’échouer. Et comme j’apprécie noter mes constats et partager des réflexions d’amélioration, en voici une partie…
Durant cette période teintée d’incertitudes les adolescents et jeunes adultes doivent eux aussi faire face à des doutes et des peurs qui se rajoutent à ceux déjà existants. Le changement de rythme scolaire pendant le confinement demandant de faire preuve d’une grande capacité d’adaptation, pour les élèves les moins bien armés, il est difficile de rester « acteurs ». Autonomie, organisation mais aussi confiance en ses capacités à réussir sont nécessaires pour tenir sur la durée et faire face aux difficultés. Trouver la motivation à travailler, parfois seul.e chez soi, n’est pas chose aisée !
Lors de ces récents accompagnements j’ai pu faire le constat des multiples résultantes (en termes de travail) de la difficulté à « s’y mettre »: procrastination, faible volume de travail, difficulté de concentration, repos sur ses acquis,…Mais tous ces élèves ont bien un point en commun : ils ne vivent pas bien cette situation ! Les conséquences étant souvent les mêmes : stress, fatigue, perte de confiance mais aussi conséquences négatives sur les notes. Le manque de motivation à travailler, souvent évoqué par les élèves, peut être lié à un ensemble de facteurs et à certains freins qu’il est bon d’identifier pour pouvoir avancer.
« Une fois que tu sens le caillou dans ta chaussure, c’est lorsque tu admets qu’il te fait trop mal que tu vas pouvoir l’enlever ».
Après avoir pris conscience des freins sur lesquels travailler, la clé va être pour l’élève de se positionner en tant qu’acteur et non en tant que spectateur (qui subit des conséquences négatives) de sa vie scolaire et personnelle. Etre dans l’action permet en effet de diminuer le stress, de renforcer la confiance et de mener vers la réussite, afin d’avoir envie de réussir à nouveau (le fameux « circuit de la récompense »).
Alors comment se mettre au travail ? Sur quels points peut-on agir en tant qu’élève ? En tant que parent ou accompagnant? Il est bon de questionner certains points:
Le QUOI et le POURQUOI?
- Avoir des buts et se fixer des objectifs
On l’entend dans tous les domaines : avoir un objectif est primordial pour avancer ! Mais pourtant dans l’univers scolaire bon nombre d’élèves se retrouvent sans objectif professionnel. Une des finalités des études n’est-elle pas de préparer à l’avenir professionnel ? On a parfois pourtant l’impression qu’il y a d’un côté l’école, et de l’autre le monde du travail. Et qu’entre les deux l’écart est grand, notamment l’écart « temps » (« j’ai le temps », « ça me parait loin… »). Or, le projet professionnel peut devenir un élément déclencheur de motivation et d’implication, donnant du sens au travail scolaire et une direction. Dans un récent atelier que je co-animais sur la prise de décisions, nous parlions avec mes collègues de deux types de choix : les grands choix (ceux qui donnent les grandes directions), et les choix opérationnels. Les objectifs d’un jeune peuvent à mon sens aussi être découpés d’une part en objectifs « macros »: ceux qui guident, font sens et répondent à ses aspirations, besoins, envies. Ceux-ci peuvent être plus ou moins précis au départ (aider les autres, défendre, conseiller, améliorer…) et se préciser ensuite (défendre des individus ou un pays, améliorer le quotidien de personnes grâce au soin…). Ces grandes directions sont fondamentales dans la mise en mouvement.
D’autre part, les objectifs de travail concernent la partie plus opérationnelle. « Quels objectifs de travail je me fixe pour atteindre mon/mes objectif(s) professionnel(s)» ? Ils entrent dans la méthodologie de travail, trop souvent minimisée, et répondent au « comment ».
Le COMMENT ?
Il s’agit là du chemin pour atteindre ses objectifs: des étapes à franchir mais aussi des conditions à réunir.
- Avoir une bonne estime de soi
C’est une base solide! S’estimer c’est « se sentir capable de » et c’est un bon début pour envisager l’action ! Une jeune fille que je rencontrais il y a quelques jours avait une estime d’elle si basse qu’elle ne s’autorisait pas à s’imaginer réussir…Elle pensait ne pas le mériter. Evidemment tout cela était plutôt de l’ordre de l’inconscient mais en posant des mots sur ses blocages, elle a pu mettre le doigt sur ce point. La prise de conscience parfois douloureuse sur le fait que l’on ne s’autorise même pas à penser que l’on peut réussir car nous ne le méritons pas, est un point de départ afin de pouvoir aborder les ressources, les réussites passées etc…et voir naitre l’envie d’avancer et d’agir.
- Prendre confiance en ses capacités et s’affirmer
Il peut s’agir par exemple de prendre conscience de ses points forts dans les matières dans lesquelles on réussit (bonne mémoire, capacité à résoudre des problèmes, persévérance..), mais aussi s’appuyer sur ses atouts personnels (leadership, capacités d’écoute, de conseil,…). Pour l’entourage cela signifie valoriser les encouragements et le fait de croire en l’élève. Plus un élève croit en sa réussite car il perçoit cette croyance positive de la part de son entourage, plus il a de chance de réussir (ce qu’on appelle l’effet « Pygmalion »).
- Percevoir l’utilité de son travail
Un élève a plus de chances de se surpasser s’il pense que ses résultats scolaires sont directement liés à son travail et à sa capacité à agir plutôt qu’uniquement à son intelligence ou son talent. Il est nécessaire de s’intéresser aux précédentes réussites scolaires, peu importe la matière. Il est aussi important de percevoir et « s’approprier » ce qui bloque dans les matières où l’on a des difficultés : est-ce un problème de compréhension ? De mise en application ?…Identifier ses difficultés est un point de départ pour y travailler dessus, tout comme être en capacité de s’auto-évaluer et de faire ses propres feed back, en plus de ceux des enseignants. Autre point important: oser demander de l’aide! Poser des questions, travailler avec des camarades: ne pas savoir ou ne pas comprendre n’est pas honteux mais bien le point de départ d’une amélioration!
- Adopter une organisation et des méthodes de travail adaptées
Etre acteur de ses apprentissages est la clé. Cela favorise la mémorisation et la compréhension. Pour avoir envie d’apprendre il faut déjà s’approprier les savoirs : reformuler ses cours, être en capacité de les réexpliquer, de s’auto-évaluer…
Etre organisé et se fixer des objectifs de travail, avoir un planning bien construit sont aussi des actions engageantes et rassurantes. En effet, les élèves étant plutôt dans la procrastination ou l’immobilisme ont besoin d’être rassurés et de tracer un chemin précis avec des étapes afin d’atteindre leurs objectifs.
Mais n’oublions pas le plaisir : prendre du plaisir dans son travail scolaire est fondamental ! Il ne faut pas hésiter à utiliser des méthodes différentes ou créatives quand cela est possible (mind mapp, enregistrement audio, travail en groupe…).
Voici quelques réflexions qui se basent sur des exemples récents d’élèves accompagnés en orientation ou méthode de travail, elles sont évidemment à compléter et à adapter en fonction du profil des élèves. Au plaisir d’échanger sur le sujet!